Définition de COULER (S')
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DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE - Essayez ces orthographes :
Prononciation : é-kou-lé
DÉFINITIONS
1
Couler hors, en parlant d'un liquide ou d'un fluide. L'eau s'écoule. Le gaz s'écoule dans les conduits.Laissez à ce torrent le temps de s'écouler
de Jean RACINE dans Bérén. III, 4
Sémantique : Par extension.
De quelque superbe distinction que se flattent les hommes, ils ont tous une même origine, et cette origine est petite ; leurs années se poussent successivement comme des flots ; ils ne cessent de s'écouler
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Sémantique : Fig. S'évanouir, se perdre.
C'est une chose horrible de sentir s'écouler tout ce qu'on possède
de Blaise PASCAL dans Pensées, part. II, 17
Ce qui lui est le plus cher s'écoule à tout moment
de Blaise PASCAL dans Conv. des P.
Le bonheur des méchants comme un torrent s'écoule
de Jean RACINE dans Ath. II, 7
Tu vis dans ces plaisirs si chers à ton jeune âge De tes nobles aïeux s'écouler l'héritage
de ANCELOT dans Fiesque, I, 4
2
Se passer, en parlant du temps.Le temps qui s'écoule depuis Moïse jusqu'à Jésus-Christ
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 4
À quoi vos jours, vos années se sont-elles écoulées ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Motifs de conv.
Nos soirées s'écoulaient sans ennui chez la reine ou chez madame la Dauphine
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mme de Maintenon, t. II, p. 42, dans POUGENS
.... Les lieux où jadis s'écoula mon enfance
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Charles IX, I, 1
Voisin des champs où mon enfance S'écoula sous un chaume obscur
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Retour.
La source de mes jours comme eux [des ruisseaux] s'est écoulée, Elle a passé sans bruit, sans nom et sans retour
de Alphonse de LAMARTINE dans Méd. I, 6
3
Cheminer à la suite les uns des autres, et s'en aller, en parlant d'une foule.De moment en moment votre garde s'écoule
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. V, 5
Les Barbares, les voyant venir, s'écoulèrent des deux côtés des montagnes
de D'ABLANCOURT dans Arrien, liv. I, dans RICHELET
La foule Avec un bruit confus par les portes s'écoule
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutrin, I
Enfin, avant minuit, cet amas de troupes s'écoula vers Ostrowno ; au tumulte le plus effroyable succéda le plus profond silence
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IV, 7
À pas lents, l'oeil baissé, les amis s'écoulèrent
de Alphonse de LAMARTINE dans Socr. 341
Sémantique : Familièrement. S'en aller sans rien dire, s'esquiver.
Je dis à M. de Beauvillier que je ne me sentais pas capable de vivre heureux avec une autre qu'avec sa fille, et, sans attendre de réponse, je m'écoulai
4
Sémantique : Terme de navigation fluviale. Faire écouler le flot, faire descendre jusqu'au port les bois jetés à bûche perdue sur une rivière ou sur un ruisseau.5
Sémantique : Terme de commerce. Se vendre successivement. Cette marchandise s'écoule par une foule de débouchés.Nature : V. a. Dans le même sens, débiter, vendre. Écouler des marchandises, des denrées.
6
Sémantique : Terme de tanneur. Faire égoutter. Écouler le cuir.REMARQUE
1
Avec les verbes voir, laisser, sentir, etc. et surtout faire, on peut supprimer le pronom personnel de s'écouler. Je laissai écouler l'eau.Voir écouler sa vie loin de vous
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 285
HISTORIQUE
1
XIIIe s.Feme est plus escoulant que n'est darset en Loire
dans Chastie-Musart, ms. dans LACURNE
2
XVe s.Celui qui à Passelion se combattoit fut tellement escoulé de son sang, qu'il ne se peut plus tenir à cheval
dans Perceforest, t. V, f° 26
3
XVIe s.Beaucoup de temps s'escoula, qui donna moyen à ses adversaires de s'avantager sur lui
Qu'il se souvienne qu'il est perilleux de heurter contre la fureur françoise, laquelle pourtant s'escoulera soudain
Afin que les fideles ne se laissassent escouler aux resveries des payens
de Jean CALVIN dans Instit. 100
Comme le corps s'escoule par faute de manger
de Jean CALVIN dans ib. 1140
Elle perdit la raison, et, ne pouvant passer au long d'un banc, s'escoula au long d'une table et s'enfuit
Alors toutes les belles raisons et remonstrances de Themistocles s'escoulerent hors de la memoire des Grecs
de Jacques AMYOT dans Thém. 22
Par quoi le bruit s'en escoula aussitost hors de Rome, comme incertainement il y estoit entré
de Jacques AMYOT dans Paul Aem. 41
Soudain qu'il leur advient quelque changement de fortune, ils [les flatteurs] s'escoulent et se tirent arriere
Je ne souhaitte point me pouvoir transformer, Comme feit Jupiter, en pluye jaunissante, Pour escouler en vous d'une trace glissante Cest ardeur qui me fait en cendres consommer
de Joachim DU BELLAY dans V, 38, recto.
Regardant escouler le sang de sa playe
de Michel de MONTAIGNE dans I, 328
Du cerveau l'ame s'escoule par le reste du corps
de Michel de MONTAIGNE dans II, 295
On voit escouler, des peres aux enfants, non seulement les marques du corps....
de Michel de MONTAIGNE dans II, 296
Cette infinie marée d'hommes qui s'escoula en Italie sous Brennus
de Michel de MONTAIGNE dans III, 98
J'ay, sans offense de poids ou passifve ou actifve, escoulé tantost une longue vie
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 167
ÉTYMOLOGIE
1
É- pour es- préfixe, et couler.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Nature : V. a. Faire couler, passer (emploi archaïque).Que m'est-il demeuré pour conseil et pour armes, Que d'écouler ma vie en un fleuve de larmes ?
de François de MALHERBE dans Lex. éd. L. Lalanne.